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Docteur en Maïeutique : le nouveau diplôme d’État

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La profession de sage-femme connaît une évolution significative avec la création d’un 3ème cycle des études en sciences maïeutiques. Ce développement, attendu depuis longtemps, a été officialisé par un décret(1) et un arrêté(2), publiés au Journal officiel le 5 juillet 2024.

 

Cette réforme, qui entrera en vigueur dès le 1er septembre 2024, concrétise l’une des principales mesures de la Loi du 25 janvier 2023 visant à faire évoluer la profession de sage-femme.

Le troisième cycle est accessible aux étudiants ayant validé le deuxième cycle des études de maïeutique. Ce cycle, d’une durée d’un an réparti sur deux semestres, aboutit à l’obtention du diplôme d’État de docteur en maïeutique après la soutenance réussie d’une thèse d’exercice. La formation sera dispensée par les universités accréditées par arrêté du ministre chargé de l’Enseignement supérieur. Il s’agira donc de la sixième année d’études pour devenir sage-femme.
Le référentiel de formation, fixé par un arrêté des ministres chargés de la Santé et de l’Enseignement supérieur, repose sur une approche par compétences. Six domaines de compétences professionnelles sont au cœur de ce référentiel : prénatal, périnatal, postnatal, gynécologique, recherche et générique. Voici un développement détaillé de chacun de ces domaines.

 

Un diplôme reposant sur 6 domaines de compétences

1. Domaine prénatal

Dans le domaine prénatal, les sages-femmes sont responsables du suivi médical de la grossesse à bas risque. Leur rôle inclut la surveillance régulière de la santé de la mère et du fœtus, la réalisation d’examens cliniques et paracliniques, et la détection précoce des complications.
Les situations à risque ou pathologiques nécessitent une collaboration étroite avec les médecins obstétriciens, qui prennent en charge les cas complexes ou nécessitant une intervention médicale spécialisée. Cette coopération permet d’assurer une prise en charge optimale de la patiente.

Ce rôle comprend :

Accueillir la femme et/ou le couple dans leur projet de naissance en menant l’entretien prénatal précoce et en animant des séances de préparation à la naissance (techniques de respiration ou positions d’accouchement…) et à la parentalité. Cette préparation permet d’identifier les besoins d’accompagnement spécifique de chaque femme et de chaque couple, d’informer et de prévenir les conduites à risques.

Questionnaire et examen clinique : recueillir et analyser les données cliniques et paracliniques afin de délivrer des conseils ou informations adaptés.

Prescriptions et surveillances nécessaires : identifier et prescrire les examens complémentaires et les thérapeutiques nécessaires. Les SF peuvent effectuer des échographies, prescrire des examens complémentaires et proposer des actions de prévention.

 

2. Domaine périnatal

Dans le domaine périnatal, les sages-femmes jouent un rôle central lors de l’accouchement et de la naissance. Elles sont formées pour gérer les accouchements normaux (eutociques) et identifier rapidement les signes nécessitant une intervention médicale

Elles sont responsables de :

Soutien des processus physiologiques : assurer un environnement sécuritaire pour l’accouchement.

Diagnostic et surveillance du travail : recueillir et analyser les données cliniques pour surveiller l’évolution du travail.

Accouchement et soins post-partum immédiats : pratiquer l’accouchement, surveiller les lésions périnéales et l’état de santé maternel et néonatal.
Une sage-femme est compétente pour réaliser un accouchement par voie basse, surveiller le rythme cardiaque fœtal et assurer le bien-être de la mère et du nouveau-né immédiatement après la naissance. En cas de complications, telles que des saignements importants ou une souffrance fœtale, elles collaborent avec les médecins obstétriciens pour assurer une intervention rapide et appropriée. Cette collaboration se base sur des protocoles bien définis et une communication constante.

3. Domaine postnatal

Le domaine postnatal couvre le suivi médical postérieur à la naissance. Les sages-femmes assurent le suivi de la mère et du nouveau-né, veillant à la récupération post-accouchement et à la mise en place de l’allaitement ou de l’alimentation artificielle. Elles sont en mesure de détecter des complications telles que les infections et de fournir les soins nécessaires ou – à distance de l’accouchement – la dépression post-partum.
Elles peuvent évaluer la cicatrisation des points de suture, conseiller sur les méthodes de contraception post-partum et effectuer des visites à domicile pour s’assurer du bon déroulement des premiers jours de vie du nouveau-né. Leur rôle est complémentaire à celui des pédiatres et des autres professionnels de santé impliqués dans le suivi du bébé.

4. Domaine gynécologique

Dans le domaine gynécologique, les sages-femmes sont responsables du suivi gynécologique de prévention et de contraception, ainsi que de la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Elles réalisent des examens de routine, telles que les frottis cervico-vaginaux, conseillent sur les méthodes contraceptives et participent à l’éducation à la sexualité.
Une sage-femme peut insérer et retirer des dispositifs intra-utérins (DIU), prescrire des contraceptifs hormonaux et les poser (implants) et offrir des consultations de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). Elles travaillent en partenariat avec les gynécologues, surtout pour les cas nécessitant des interventions chirurgicales ou un suivi spécialisé.

5. Domaine recherche

Le domaine de la recherche est essentiel pour adosser la pratique médicale des sages-femmes à une démarche scientifique. Elles sont encouragées à participer à des projets de recherche, à publier des articles scientifiques et à contribuer à l’innovation dans le domaine de la maïeutique.
Une sage-femme peut mener une étude sur l’impact de certaines pratiques prénatales sur la santé maternelle et fœtale, ou collaborer avec des équipes de recherche multidisciplinaires pour développer de nouvelles techniques de suivi de grossesse. Cette dimension vise à améliorer continuellement les pratiques et les soins prodigués aux patientes.

6. Domaine générique

Enfin, le domaine générique couvre les compétences de santé publique, médicales et professionnelles. Les sages-femmes doivent agir en tant que professionnels de santé publique, être responsables, et capables de travailler en équipe multidisciplinaire. Ils ou elles sont formé(e)s pour adopter une approche globale des soins, prenant en compte les aspects psychologiques, sociaux et environnementaux de la santé.
Elles peuvent participer à des programmes de prévention et de promotion de la santé dans les CPTS, collaborer avec des travailleurs sociaux pour soutenir des femmes en situation de vulnérabilité, et assurer un rôle de mentor pour les étudiants en maïeutique.

En plus de ces six domaines de compétences, le parcours personnalisé des étudiants comprend des unités d’enseignement librement choisies, représentant au minimum 10 % du total des enseignements. Ces unités peuvent inclure des projets professionnels, des parcours de recherche, des doubles cursus ou des expériences internationales.

L’obtention du diplôme ne se fait pas uniquement à l’université. Les stages cliniques sont également une composante essentielle de la formation, permettant aux étudiants et aux étudiantes de découvrir différents modes d’exercice de la profession dans divers contextes, des hôpitaux aux cabinets libéraux en passant par les centres de santé.
Cette réforme, en consolidant les compétences des sages-femmes et en renforçant leur formation, vise à améliorer la qualité des soins offerts aux femmes et à leurs enfants, tout en valorisant la profession de sage-femme.

 

Notes et sources :

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