Un ensemble de services qui facilite la vie des soignants
Estimation du temps de lecture : 4 min Les professionnels de santé sont de plus en plus sollicités. Fort […]
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Les troubles musculo-squelettiques (TMS) restent un risque majeur pour les professionnels de santé. Souvent discrets au début, ils s’installent par usure professionnelle : gestes répétés, postures imposées, charges à déplacer, récupération insuffisante. Leur prévention relève autant du choix des équipements que de l’organisation du travail et d’une culture partagée du « prendre soin » des soignants.
Sous le terme TMS, on regroupe des pathologies qui touchent les articulations et les tissus péri-articulaires (muscles, tendons, nerfs). Elles apparaissent lorsque les contraintes mécaniques excèdent durablement les capacités d’adaptation du corps. Ce ne sont pas des accidents spectaculaires, mais des atteintes progressives : une épaule qui tire en fin de poste, des lombaires raides au réveil, un poignet qui picote… puis, à la longue, la douleur s’installe et se chronicise.
“Les spécialistes de l’INRS
rappellent que ces atteintes sont multifactorielle”
Les spécialistes de l’INRS rappellent que ces atteintes sont multifactorielle : aux facteurs biomécaniques « classiques » (efforts, postures, répétitivité) s’ajoutent des facteurs psychosociaux (intensité du travail, manque d’autonomie ou de soutien, tensions dans l’équipe) et des facteurs liés à l’ambiance physique (froid, contraintes thermiques, vibrations, travail prolongé sur écran). Autrement dit, un même TMS de l’épaule n’aura ni la même histoire ni les mêmes déterminants chez une aide-soignante travaillant de nuit, une infirmière de bloc opératoire ou une secrétaire médicale en poste très statique.
Dans un service, l’aide-soignante se penche, soutient, repositionne plusieurs fois par jour. Chaque transfert est anodin pris isolément ; cumulés, ils sollicitent fortement le dos et les épaules. Les kinésithérapeutes connaissent d’autres contraintes : mobilisations répétées, positions de maintien prolongées, pressions des mains et des poignets.
Les soignants ne sont pas les seuls concernés : brancardiers, agents de service hospitalier, préparateurs en pharmacie, personnels de laboratoire ou de stérilisation, manipulateurs radio, mais aussi personnels administratifs très sédentaires partagent, chacun à leur manière, les mêmes mécanismes d’atteinte.
Dans les métiers tertiaires de santé, on retrouve plutôt des postures statiques, le manque de mouvement, une charge mentale élevée, des interruptions fréquentes : autant d’éléments qui contribuent aussi aux TMS.
Le phénomène dépasse d’ailleurs le champ de la santé : déménageurs, ouvriers du bâtiment ou agents de manutention vivent les mêmes contraintes à force de porter et répéter. La logique est la même : ce n’est pas « le » mauvais geste isolé qui fait le dommage, mais l’accumulation dans le temps, sans marges de récupération.
Le triptyque est bien connu. D’abord, des contraintes biomécaniques élevées : flexions et rotations du tronc, port de charges, postures statiques ou en porte-à-faux. Ensuite, la répétitivité et la cadence, qui laissent peu de place à la variabilité des gestes.
“Quand la pression augmente,
on tolère plus facilement une mauvaise posture
« juste pour finir »”
Enfin, le contexte organisationnel et psychosocial : sous-effectif, horaires décalés, urgence, pression temporelle, manque de soutien, faible autonomie pour organiser son travail. Ce dernier point est essentiel : quand la pression augmente, on tolère plus facilement une mauvaise posture « juste pour finir », on reporte la pause, on ne signale pas la douleur naissante. À cela peuvent s’ajouter des ambiances physiques défavorables : chambre trop exiguë, matériel mal rangé, salle de réveil trop froide, éclairage ou acoustique inadaptés… autant de détails qui, mis bout à bout, augmentent les contraintes sur le corps.
Face à ce risque, l’INRS propose une démarche de prévention en quatre grandes étapes, applicable aussi bien dans un service hospitalier que dans un centre de santé ou un cabinet libéral regroupé.
“L’observation fine des situations est centrale :
aller voir comment se déroulent les soins en pratique,
interroger les équipes sur leurs marges de manœuvre”
| Les clefs de la réussite de la prévention des TMS
La réussite de la mise en place d’un programme de prevention des TMS est conditionnée par trois fils rouges : – communiquer sur l’avancée de la démarche, – évaluer régulièrement les résultats pour ajuster le plan d’action. L’expérience montre qu’il vaut mieux traiter quelques situations bien choisies jusqu’au bout plutôt que de multiplier des actions ponctuelles qui s’essoufflent. |
Dans cette démarche, les équipements restent un levier majeur : lits réglables, lève-personnes, aides techniques de transfert, planches et draps de glisse, sièges adaptés, brancards motorisés, aménagement des espaces pour réduire les trajets et éviter le port manuel inutile. L’ergonomie des postes informatiques (hauteur d’écran, siège, éclairage) mérite aussi une attention particulière dans les secrétariats, services de facturation, centres d’appels ou structures de télémédecine.
La formation ensuite, pensée au plus près des situations réelles : gestes et postures, techniques de transfert, retours d’expérience entre pairs, rappels réguliers pour ancrer les bonnes pratiques. Certaines structures identifient des « personnes ressources TMS » – soignants formés à l’analyse des situations de travail – qui accompagnent leurs collègues, participent aux projets d’aménagement et servent de relais avec la prévention des risques.
“Certaines structures identifient des « personnes ressources TMS »
– soignants formés à l’analyse des situations de travail –
qui accompagnent leurs collègues”
L’organisation compte tout autant : faire tourner les tâches afin de limiter la répétition, prévoir des pauses actives courtes mais fréquentes, lisser les pics d’activité quand c’est possible (par exemple en anticipant certaines installations de patients ou préparations de matériel), éviter d’accumuler les actes les plus lourds sur les mêmes professionnels ou sur un seul créneau horaire.
Enfin, entretenir les capacités physiques n’a rien d’athlétique : quelques minutes d’échauffement en début de poste, des exercices de mobilité et de renforcement doux adaptés au service suffisent souvent à « dérouiller les corps » et à réduire l’inconfort. Certaines équipes testent des séances collectives de réveil musculaire en logistique ou au bloc ; ailleurs, ce sont des routines individuelles, parfois guidées par une appli ou un support papier, qui sont proposées.
La médecine du travail, bien que ses effectifs diminuent grandement, peut initier ou accompagner ces actions : repérage des postes à risque, recommandations d’aménagement, avis sur le matériel, suivi des collectifs. Les établissements, de leur côté, ont intérêt à inscrire ces démarches dans la durée, avec des indicateurs simples et partagés (confort ressenti, douleurs déclarées, arrêts de travail, difficultés de recrutement sur certains postes).
Pour les structures relevant du régime général (cliniques privées, établissements médico-sociaux associatifs, cabinets ou laboratoires employeurs, etc.), le programme national TMS Pros, porté par l’Assurance maladie – Risques professionnels et les CARSAT, propose un accompagnement méthodologique. Il reprend la démarche en quatre étapes évoquée plus haut et offre des outils pour dépister les postes les plus exposés, former des personnes ressources et structurer le plan d’action.
Ce programme ne s’adresse pas uniquement à l’industrie : les secteurs du soin et de l’aide à la personne y sont pleinement éligibles. Selon la taille et la sinistralité, il peut ouvrir l’accès à des aides financières ciblées (par exemple pour la formation ou l’achat de certains équipements) et à un appui technique des ingénieurs-conseils et ergonomes des CARSAT. Pour les hôpitaux publics et les structures relevant d’autres régimes, des dispositifs spécifiques existent via la MSA ou les centres de gestion ; le principe reste le même : s’appuyer sur un interlocuteur prévention pour structurer la démarche.
Un TMS peut être reconnu en maladie professionnelle. Le parcours se construit avec la médecine du travail et le médecin traitant. La reconnaissance ouvre des droits, mais surtout permet d’organiser des aménagements de poste ou de temps de travail pour éviter l’aggravation. Selon la situation, il peut aussi y avoir des incidences sur la carrière et, à terme, sur la retraite. Ne pas oublier que, toutes branches confondues, les TMS représentent la majorité des maladies professionnelles reconnues (87 %): le sujet n’est donc ni marginal ni anecdotique.
“Les TMS représentent la majorité des maladies professionnelles reconnues (87 %) :
le sujet n’est donc ni marginal ni anecdotique.”
Message clé : ne pas attendre la chronicisation pour signaler les difficultés et documenter l’exposition. La déclaration n’est pas une mise en cause individuelle : c’est un signal pour le collectif de travail et pour l’employeur, qui doit réinterroger son organisation et ses moyens de prévention.
Les TMS provoquent de l’absentéisme, compliquent la continuité des soins et pèsent sur les équipes. Dans un service déjà sous tension, chaque arrêt pour lombalgie ou tendinite se traduit par des remplacements difficiles, de la charge supplémentaire pour les collègues, une moindre disponibilité auprès des patients, parfois des reports d’activités.
Pour les employeurs comme pour l’Assurance maladie, le coût est loin d’être marginal : indemnités journalières, désorganisation des plannings, recours à l’intérim, adaptation de postes, désinsertion professionnelle. À l’inverse, investir dans la prévention est rapidement rentable : moins de douleurs, moins d’arrêts, plus de stabilité pour les équipes, une meilleure attractivité des postes et, in fine, une meilleure qualité de soins.
Le marché voit émerger des solutions numériques qui aident à repérer les mauvaises postures (capteurs, vidéo-feedback) et à proposer des exercices personnalisés ; certaines s’appuient sur des algorithmes d’analyse des mouvements pour signaler les segments corporels les plus sollicités. Bien utilisées, elles peuvent alimenter la réflexion ergonomique et sensibiliser les équipes.
Côté grand public – mais utile au quotidien pour les soignants – l’application Activ’Dos (Assurance maladie) envoie des rappels pour bouger et propose des enchaînements d’exercices ciblés (renforcement, extensions, respiration/relaxation) que l’on peut intégrer dans une routine courte.
Il faut toutefois garder en tête que ces outils se concentrent souvent sur un pan du problème, principalement les facteurs biomécaniques, et laissent de côté l’organisation du travail, la culture d’équipe, les marges de manœuvre. Ils soulèvent aussi des questions de fiabilité des mesures et de protection des données lorsqu’ils reposent sur la vidéo ou la captation de mouvement. Là encore, ils prennent tout leur sens lorsqu’ils sont intégrés dans une démarche globale, pilotée par l’établissement et discutée avec les représentants du personnel et les équipes de prévention.
| À retenir — 6 leviers à enclencher
• Cartographier les situations à risque du service et prioriser les aménagements. • Former régulièrement aux transferts et aux gestes sûrs, avec retours de terrain. • Installer des pauses actives et varier les tâches pour casser la répétition. • Proposer de petits modules d’activité physique sur site, adaptés aux contraintes réelles. • Déclarer tôt, suivre et ajuster les actions avec des indicateurs simples. • Nommer un pilote de la démarche et suivre quelques indicateurs clés (douleurs déclarées, AT/MP, absentéisme, qualité) pour inscrire la prévention des TMS dans l’amélioration continue de la structure. |
Source : conférence de presse du 9 décembre organisée par l’INRS sur la prevention des TMS en entreprise
Publié le 16/12/2024
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