Le nombre de dentistes en France : face au défi démographique
Estimation du temps de lecture : 5 minutes
La France est confrontée à un manque flagrant d’accès aux soins bucco-dentaires. Elle compte dans les années à venir combler son retard et ambitionne par la même occasion d’investir activement dans la prévention pour des « générations sans caries ».
En 2023, 45 249 chirurgiens-dentistes exerçaient en France selon la Drees. Leur nombre progresse régulièrement à raison de 1% par an en moyenne. Ainsi, en 10 ans, leur démographie a augmenté de plus de 11%. Les projections de la Drees montrent des effectifs en très forte hausse. Ils seraient, selon leur scénario tendanciel, près de 46 000 en 2030, 54 000 en 2040 et près de 61 800 en 2050.
Cette dynamique démographique, bien qu’encore insuffisante, est essentiellement due à l’entrée en France des dentistes à diplôme européen. En effet, la part de français qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger (essentiellement en Europe) a explosé, passant de 3,7% à 2012 à 13,6% en 2021.
En parallèle, le Gouvernement annonçait en 2021, la création de huit nouvelles facultés d’odontologie qui s’ajouteraient aux 16 déjà existantes. Cela permettra de former plus de 7 200 étudiants d’ici 2026.
Comme pour les autres études médicales, le numerus clausus a été supprimé depuis 2021 pour les études en odontologie.
Un nombre de dentistes en libéral qui baisse en France
L’exercice libéral reste le mode d’exercice majoritaire au sein de la profession. Mais depuis une dizaine d’année, de plus en plus de chirurgiens-dentistes l’accompagnent d’une activité salariée ou même s’y détournent totalement, lui préférant les centres de santé qui attirent désormais 15% des praticiens.
Ainsi, l’activité libérale exclusive baisse non seulement en parts (elle cède 10 points en 10 ans) mais également en nombre (-1,3% par rapport à 2013).
La tendance est aussi au regroupement, de plus en plus de chirurgiens-dentistes s’orientent vers l’exercice en groupe qui devient la structure majoritaire (56% vs 46% en 2013). L’activité en cabinet individuel chute drastiquement et ne concerne qu’un quart d’entre eux.
Chirurgien-dentiste en France : Une profession jeune et de plus en plus féminisée
Le mouvement de féminisation touche aussi les chirurgiens-dentistes. La part des femmes passe ainsi de 40% en 2013 à 48% en 2023. Cette tendance s’observe surtout chez les libéraux tandis que leur part (majoritaire) reste stable chez les salariés.
Le rythme de féminisation devrait se poursuivre dans les années à venir puisque les femmes sont majoritaires chez les plus jeunes (56% chez les moins de 45 ans).
La profession s’est rajeunie, puisque l’âge moyen a diminué de plus de 3 ans en l’espace de dix ans, passant de 48,4 ans à 45,3 ans.
Une densité de dentistes en France en berne malgré une offre de soins qui s’améliore
La densité française avait diminué depuis les années 2000. En cause, une croissance insuffisante des effectifs de chirurgiens-dentistes face à celle de la population française. Mais depuis 2013, elle a recommencé à augmenter pour atteindre aujourd’hui 67 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants. Elle reste néanmoins en deçà des celles observées dans les pays de l’OCDE et inférieure à la moyenne européenne.
Cependant, toutes les régions ne sont pas logées dans la même enseigne. En effet, des disparités régionales importantes sont observées et une fracture Nord-Sud s’est installée. Le Nord (excepté l’Ile-de-France) est moins loti et enregistre des densités souvent inférieures à la moyenne nationale, à l’inverse des régions du Sud. Même si des contrastes sont observés aux niveaux départemental et communal.
L’implantation géographique des chirurgiens-dentistes est influencée par plusieurs facteurs, parmi lesquels l’attrait du soleil et donc une préférence prononcée pour les régions du Sud.
Autre facteur et non des moindres, les praticiens ont tendance à s’installer dans la même zone que celle où ils ont fait leurs études. Comme les facultés d’odontologie sont implantées dans les grandes villes, cela accentue donc les écarts de densité. Ce n’est donc pas un hasard si les 8 nouvelles facultés d’odontologie (Amiens, Caen, Rouen, Dijon, Besançon, Grenoble, Poitiers et Tours) sont suitées dans les zones à la densité insuffisante. La Normandie (seulement 45 dentistes pour 100 000 habitants) se voit par exemple octroyer à elle seule deux facultés (Caen et Rouen).
Sources :