Adaptation de la primo-prescription par les opticiens : nouveau rôle contesté
Le décret publié le 28 juin 2024 en application de la Loi n° 2023-379 dite « Rist » du 19 mai 2023 marque une évolution significative dans le rôle des opticiens. Désormais, ces derniers ont la possibilité d’adapter les prescriptions des médecins ophtalmologistes ou des orthoptistes lors de la première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact. Ce changement vise à améliorer l’accès aux soins visuels en déchargeant partiellement les ophtalmologistes et en permettant une plus grande réactivité dans l’adaptation des prescriptions optiques.
Quelques conditions
Selon le Décret n° 2024-617 du 27 juin 2024 relatif à l’adaptation de la prescription par l’opticien-lunetier lors de la première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact, l’opticien-lunetier peut ajuster les corrections optiques après avoir réalisé un examen de la réfraction.
L’adaptation de l’ordonnance est soumise à 2 conditions :
• Accord écrit du prescripteur : L’opticien doit solliciter l’accord écrit du prescripteur pour toute adaptation de la prescription initiale.
• Délai de réponse : Si le prescripteur ne répond pas dans un délai de dix jours ouvrables, l’accord est réputé favorable, permettant ainsi à l’opticien de procéder à l’adaptation sans retard excessif.
Implications pour les opticiens
Cette nouvelle responsabilité accordée aux opticiens leur confère un rôle plus actif dans la gestion des soins visuels. Ils sont désormais en mesure de répondre rapidement aux besoins des patients tout en assurant une continuité des soins. Ce dispositif est conçu pour faciliter l’accès aux soins visuels et réduire les délais d’attente pour l’obtention de verres correcteurs ou de lentilles de contact.
Qu’en pensent les syndicats ?
Opticiens
Les représentants syndicaux des opticiens, tels que le l’Association des opticiens de France (AOF) , le Rassemblement des opticiens de France (Rof) , ont accueilli ce décret avec satisfaction, y voyant une reconnaissance de leur expertise et un élargissement de leurs compétences professionnelles. Ils estiment que cette mesure permettra de mieux répondre aux attentes des patients et de fluidifier le parcours de soins.
La Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) voudrait aller plus loin par la suppression du délai et de l’accord écrit.
Ophtalmologistes et orthoptistes
En revanche, les représentations syndicales des médecins ophtalmologistes et orthoptistes s’opposent au décret et formulent un recours en annulation auprès du Conseil d’Etat. Le Syndicat National des Ophtalmologistes de France (Snof), le Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO) , le CNP Orthoptie et le CNP Ophtalmologie, via un communiqué de presse commun, « dénoncent une perte de chances pour les patients ».
Le décret n° 2024-617 ouvre une nouvelle ère pour les opticiens, leur conférant un rôle plus central dans le suivi visuel des patients. Si les avis sont partagés parmi les professionnels de santé, l’objectif principal demeure l’amélioration de l’accès aux soins et la satisfaction des besoins des patients en matière de santé visuelle. Les débats autour de cette mesure soulignent l’importance de trouver un équilibre entre innovation et sécurité des soins.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les sources suivantes :
- Incompréhensions autour du décret sur l’adaptation de la primo-prescription par les opticiens | Acuité (acuite.fr)
- Adaptation des primo-prescriptions : ophtalmos et orthoptistes veulent faire annuler le décret (opticien-lunetier.media)
- Modification de la primo prescription par les opticiens (orthoptiste.pro)